Note sur la Révolution et les colonies.

Publié le par DAN

 

Cette note est tout d'abord l'occasion de rendre hommage à Y.Benot (lire), ancien de la "France-Libre" décédé en 2005 et auteur de l'ouvrage auquel je ferais référence ici, "La révolution française et la fin des colonies" publié en 1987.
Cette note confirme le faible intérêt déjà constaté par Benot des historiens français pour les colonies quand ils traitent de la révolution française.
Ainsi confiant dans la biographie que Monsieur Zorgbibe consacre à Mirabeau je pouvais conclure mon billet par cette phrase que je voulais introductive à une note plus particulière :
"En Mars 1791 l'Assemblée rejette la proposition du député de la noblesse Arthur de Dillon de recevoir une délégation d'hommes de couleur."
C'est donc bien le contraire qui se serait produit, les mulatres, hommes libres, artisans ou négociants, venaient revendiquer leurs droits civiques à la grande colère du comte de Dillon et nous devons noter ici que ces mulatres s'affirmaient comme opposants à l'abolition de l'esclavage.
Le court extrait du livre de Benot permet de mieux comprendre la complexité des clivages politiques noués dans les colonies.    

"Pour en revenir aux Caraibes, à la Martinique et à la Guadeloupe, les mulâtres occupent des emplois d'artisans ou de gérants, donc ils complètent l'activité des planteurs blancs sans menacer leur monopole.
Aussi le cours des évènements en 1789-1790 à la Martinique, agité certes, sera-t-il, à cet égard, tout à fait opposé à celui de Saint-Domingue (lire).
Alors que les commercants blancs de la capitale, Saint-Pierre, qui se déclarent partisans de la Révolution, patriotes donc, sont violemment antimulâtres, et .. non moins violemment hostiles au gouverneur, Vioménil, royaliste mais favorable à l'égalité des mulatres, les planteurs de l'intérieur sous la direction d'un fils de ce Dubuc, dont Choiseul avait fait un haut fonctionnaire du ministère des Colonies et qui était ami de Necker, de Raynal, de Diderot, s'allient avec les mulâtres, arment même des esclaves contre les patriotes de Saint-Pierre.
Quand ces derniers eurent lynché de nombreux mulatres le 3 juin 1790 pour célébrer dignement la Fête-Dieu, la guerre civile éclata avec les royalistes défendant les armes à la main les droits des mulatres en plus des leurs.
Vainqueurs, ils rencontrèrent d'autres difficultés, et l'Assemblée constituante prit la décision de dissoudre cette assemblée coloniale où, de fait, les royalistes dominaient. Il reste que l'année suivante, la Martinique n'entra pas en insurrection blanche contre le décret du 15 Mai 1791sur les mulatres.
Quand au gouverneur, il fut remplacé par un autreroyaliste, de Béhague, qui fit sécession contre la République à la fin 1792, puis émigra.
Ce n'est pas tout : car en fin de compte, Blancs et mulatres trahirent à tour de rôle, par hostilité et au régime républicain et à l'abolition de l'esclavage, et livrèrent la colonie aux Anglais en 1794, ce qui y assura le maintien de l'esclavage.
L'intérêt de classe bien compris l'avait emporté contre tout progrès." (p.62) 
 







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