COLBERT, bilan d'un ministère - (Charrin 1774, extraits).

Publié le par DAN


AVIS AU LECTEUR.
Le document publié à la suite présente l'intérêt de donner à comprendre la qualité des débats qui se menent à l'approche de la "Grande Révolution" mais aussi bien sur à faire connaitre le rôle de JB Colbert dans la construction d'une France moderne débarrassée de ses entraves "gothiques".
JB. Colbert symbole de la "méritocratie" sous l'ancien régime ? Je reviendrais sur ce propos en abordant sa biographie. 


"TABLEAU du MINISTERE COLBERT"

"Lorsqu"en parcourant l'Histoire, on vient à considérer ce siècle fameux, qui mérita de faire époque dans les annales du genre humain, on voit de loin Sully, Richelieu, en préparer en quelque sorte l'avènement; bientôt on croit entendre Turenne et Condé l'annoncer au monde au bruit de leurs exploits; mais le nouvel éclat que répendaient sur leur Nation d'llustres Généraux, ne lui donnait encore qu'une vaine célébrité.
Colbert paraît; son génie hâte la révolution qui s'avançait; la France apprend à connaitre ses ressources; Louis XIV, les moyens d'étendre et d'affermir sa Puissance; les Peuples, ce qu'ils valent sous un bon Gouvernement; ..
".. parmi cette foule d'hommes qui furent Rois, Princes ou Ministres, pourquoi s'en trouve-t-il .. si peu qui se soient appliqués à rendre leurs Peuples heureux, encore moins qui su les gouverner ?
C'est que cette science demande des vues profondes, un grandamour de l'ordre, un génie vaste, une ame sensible et bienfaisante, de la fermeté, du courage, de la prévoyance, le talent d'embrasser d'un coup d'oeil tous les rapports des choses, un esprit de détail dans l'éxecution, un zèle toujours soutenu, en un mot, le vif sentiment de ses devoirs et de ses obligations.
Tels furent les traits qui distinguèrent le Ministre de Louis XIV. ..
".. Quoi qu'il en soit, dèsqu'on examine son ministère, on y trouve le secret de la grandeur de Louis XIV; un nouvel ordre des choses commence : au milieu de l'ignorance où l'on était alors des premiers principes de l'administration et des finances, Colbert en trace les véritables règles et les fixe.
Il fonde un commerce, il crée une marine, il établit des colonies, en même temps il achève de donner une forme au Gouvernement, il se sert ensuite de tous ces efforts pour imprimer à la Nation une activité nouvelle .." 






  

... OU L'ETAT MODERNE.

"L'édifice Gothique de la féodalité commençait à s'écrouler de toutes parts en Europe, et tous les Etats modernes de cette partie du monde prenaient une forme différente, suivant le caractère des Peuples ou l'art des Souverains ... "
" .. En jetant ses regards sur les Peuples de l'Europe, il [Colbert] avait vu le commerce et l'industrie tirer la Hollande du néant, donner à l'Angleterre la domination des mers .. et répandre partout cet esprit d'intérêt, qui liant les hommes entre eux, devait à la longue changer la face de l'univers .."

" .. Qui veut être le bienfaiteur des Peuples, ne doit point se borner à les régir avec la justice qu'ils sont en droit d'attendre de ceux qui les gouvernent; il doit encore chercher à leur procurer tous les avantages qui peuvent assurer leur bonheur, et même l'assoir sur des fondements qui le perpétuent : c'est ce qu'entreprend Colbert .."
" .. Il [Colbert] commence par la [l'autorité] concentrer dans un Conseil Royal, qui, par l'unité de ses vues, serve à régler l'administration sur un plan fixe, comme à lui donner ce mouvement rapide d'où dépend la vigueur des Etats Monarchiques. .. dès lors toute l'action du Gouvernement va se heurter contre les abus que les désordres passés ont fait naître.. il la [découvre] à travers les décombres de cette anarchie gothique qui les avait produits. "

".. que fera Colbert pour y produire les changements qu'il médite ? Il faut que cet état d'inégalité funeste, ou les uns sont maîtres de tout, tandis que la foule est dans la misère, demande des institutions qui réparent cette injustice, et qui donnent aux hommes sans propriété les moyens de se ressaisir de la part qui leur fut enlevée, et de la disputer par le travail.
".. que la vanité des titres tombe, et qu'on ne connaît plus que l'honneur d'être utile à la patrie. Ces changements étaient sans doute nécessaires pour réparer les défauts d'une Monarchie féodale: mais pourquoi Colbert ne cesse-t-il d'étendre le mouvement de l'industrie; pourquoi ne lui donne-t-il plus de limites ?  .. C'est que dans des temps où les services se payent, où la force n'est que la richesse, il le regarde comme la cause de la puissance des Etats modernes. ..." 

Fabre de CHARRIN "Tableau du Ministère Colbert" Lejay -Amsterdam- 1774
(source : Gallica.Bnf)


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