Actualité royaliste, nos princes et l'Europe (Juin 2009).

Publié le par DAN

« Je voudrais conclure sur ces mots que Saint Louis adressait à son fils dans son testament politique : « Mon fils lorsque le pauvre entre en conflit avec l’homme riche et que tu doives juger de cela, soutiens le pauvre jusqu’à ce que le droit des parties soit éclairci. » En lisant le texte de la « Constitution » que l’on nous demande de ratifier, rien n’est éclairci à mes yeux. C’est pourquoi, soutenant les plus faibles, les plus démunis je voterai NON à la Constitution. Françaises et Français, mes amis, notre liberté est ce que nous possédons de plus précieux. Vive la France. »

  Allocution de Monseigneur le Comte de Paris aux Baux de Provence le 19 mai 2005
 

"Le constat s'impose : l’Union européenne telle que nous la connaissons s’est révélée incapable de résister à la déferlante de la crise mondiale. Si les causes directes de cette crise qui secoue si durement l’Europe sont bien connues, ses causes profondes semblent encore échapper à la classe politique. Et pourtant, elles sont déjà parfaitement lisibles dans l’onde de choc des évènements.

Une institution prouve sa fiabilité par son aptitude à affronter victorieusement les tempêtes. Pour l’Europe de Bruxelles, la démonstration a été cruelle. Devant l’avalanche des problèmes, les chefs de gouvernement – président Sarkozy en tête – n’ont eu qu’un seul et salutaire réflexe : défendre ardemment leurs intérêts nationaux. L’urgence leur rappelait qu’ils en étaient directement comptables. Quant à la Commission européenne, elle avait disparu de la scène. Ce qui est apparu, c’est que cette situation n'était pas conjoncturelle mais bel et bien structurelle : déjà la machine ne fonctionnait plus, et son inadéquation s’est révélée à travers la persistance têtue du fait national.

C’est pourquoi aujourd’hui, alors que les gouvernements sont acculés à une gestion empirique de la crise, il me faut prendre la parole.

Je veux le dire avec force : s’agissant de l’Europe, l’urgence est désormais de trancher dans le vif et de se décider à réformer au fond. Réformer ? Mieux encore : refonder. Sans faire table rase, avec réalisme, lucidité et détermination. L’Europe ne doit être ni réduite à une entité économique ni calquée sur le modèle américain. Elle a une identité profonde fondée sur ses racines culturelles, son cadre géopolitique et l’évolution millénaire de ses structures politiques. Il serait vain, et extrêmement dangereux, de l’oublier ou de le nier.

Ses racines sont chrétiennes : qu’on le veuille ou non, c’est la chrétienté qui l’a fait naître et lui a donné ses assises. Son équilibre géopolitique lui vient de la géographie et de l’histoire, et non des idéologies de passage. Et sa structure politique demeure inséparable – on le voit tous les jours – des nations historiques qui la composent. Reconnaître ces trois faits n’est pas s’enfermer dans un passé révolu, c’est au contraire se donner les moyens de bâtir un avenir durable – en s’appuyant sur le roc du réel et non sur des opinions mouvantes, incertaines et contradictoires.

Vers une alliance de nations souveraines

Aujourd’hui, ma voix est encore peu audible, je le sais. Mais ce que je dis ici, je le fais au nom du principe qui m’habite, dont la légitimité est liée aux fondements et à la continuité historique de la France.

Ce que je veux dire est ceci : l'Europe est aujourd’hui appelée à devenir une alliance de nations souveraines qui, partageant librement une vision concrète et humaniste de la politique, s’attellent ensemble à la réalisation de projets visant au bien commun des pays qui la composent et au traitement résolu des grands problèmes mondiaux. Voilà l’esprit nouveau à communiquer à des institutions européennes à bout de souffle qui exigent une rénovation profonde.

– Pour être viable, cette alliance des nations européennes ne peut que s’appuyer sur les racines culturelles de l’Europe ; s’inscrire dans le cadre des nations historiques, le seul où s’exprime pleinement le lien social ; et limiter son extension dans l'espace, en assumant son équilibre géopolitique propre.

– Son parlement doit devenir représentatif des forces économiques, sociales et morales à l’œuvre au sein des nations associées. Là où, aujourd’hui, les contraintes technocratiques et uniformisatrices ne sont modérées que par les déchirements idéologiques de listes politiciennes rivales, provoquant un absentéisme électoral élevé, le parlement européen doit devenir le lieu d’expression, de dialogue et de coopération des forces vives de nos différents pays.

– Son action extérieure – objectifs diplomatiques et militaires communs, projets communs – doit relever de la seule responsabilité des chefs d'Etat et de leurs ministres réunis en conseil. Fortes d’accords adaptés et pragmatiques, les nations européennes ont naturellement vocation à prendre l’initiative sur les grands dossiers mondiaux : gestion des ressources et maîtrise de l'énergie, lutte antiterroriste et résolution des conflits, aide aux pays en développement.

En février 2008 – avant le déluge, donc ! –, j'avais exprimé mon attachement à l'idée de vérité en matière politique. Au nom de cette vérité même, j’entends aujourd’hui prendre date et affirmer que le temps est venu pour l'Europe de s’assumer dans sa réalité propre, ouverte au monde autant qu’à elle-même, avec tout ce qu'elle a reçu et tout ce qu’elle a encore à donner. Ce qui passe par une réforme institutionnelle profonde. C’est à ce prix qu’elle assurera sa prospérité et son rayonnement."

Jean de France, duc de Vendôme
"Gens de France" Juin 2009
(voir) 

 

"L’Europe qui nous est proposée correspond-elle aux voeux des Français et des peuples européens ? Répond-elle, dans son projet, aux aspirations d’une jeunesse en quête de sens ? J’ai beaucoup voyagé, depuis dix ans, en France comme en Europe. Pas comme un homme politique qui brigue un mandat, mais comme un citoyen attentif à la vie de ses compatriotes et soucieux du destin de la France et de ce continent. J’ai pris le temps d’écouter et je sais ˆ parce que nous en avons parlé ensemble que beaucoup de Français ne comprennent pas où l’on veut les conduire. Cette incompréhension crée de l’inquiétude dans le pays et du désarroi dans la jeunesse. La France ne s’ennuie pas, elle s’inquiète.

Les Français ont tenté de le dire, quand on le leur a permis. En 2005, ils ont refusé, par référendum, le traité constitutionnel qui leur était soumis. Cette fois, ils ne pourront pas se prononcer sur un texte qui reprend pourtant l’essentiel des dispositions qu’ils avaient rejetées. Le traité de Lisbonne prévoit la désignation d’un président de l’Union européenne et celle d’un vice-président chargé des Affaires étrangères. Il étend les compétences de l’Union dans de nombreux domaines, au détriment de celles des États. Il assure la prééminence du droit européen sur les droits des pays. Il confirme l’extension de la règle de la majorité qualifiée. On nous présente un projet politique qui se résume à de l’ingénierie administrative. Même si les références à l’hymne et au drapeau européens ont été gommées dans cette nouvelle version, et bien que le mot n’y figure plus, il s’agit pourtant d’une Constitution, qui s’appliquera au peuple français sans qu’on l’ait consulté comme souvent, s’agissant de l’Europe. Mais comment rendre espoir aux Français si l’on se défie d’eux? Comment rendre à la France son rang dans le monde si l’on contraint sa souveraineté par un traité tatillon ? Comment rendre confiance aux jeunes Européens si l’on bâtit une Europe sans âme, dans le mépris de son patrimoine spirituel?

J’ai 42 ans. J’en avais 13 quand Jean-Paul II est devenu pape. J’appartiens à la génération de ces jeunes qui ont vécu au rythme de ce pape des temps modernes. Nous l’avons vu précipiter la chute de l’Union soviétique, par la force de ses paroles et de son action. Cet empire, que l’on croyait inébranlable, était construit sur une utopie. La bureaucratie qui le gouvernait méprisait les exigences humaines et spirituelles. Elle promettait aux hommes un bonheur matériel qui ne remplacera jamais leurs aspirations profondes. Elle les contraignait à l’adoration d’idoles, qu’ils ont déboulonnées dès qu’ils l’ont pu. L’Union soviétique était fondée sur un mensonge, au moins par omission des racines culturelles des peuples qu’elle a voulu soumettre à ses lois.

Parce que je suis attaché à l’Europe, comme la majorité des jeunes et des gens de ma génération, je souhaite qu’elle soit préservée de cette périlleuse présomption. L’Union ignore trop souvent la culture et les richesses des pays qu’elle veut rassembler. Bien qu’elle ne soit responsable devant personne, la Cour de justice impose aux États sa jurisprudence. Le droit européen consacre le pouvoir d’une technocratie qui veut régler la vie des peuples dans ses moindres détails. Or, le pape actuel, Benoît XVI, l’a rappelé l’an dernier avec force: «On ne peut pas penser construire une vraie maison commune en négligeant l’identité propre des peuples de notre continent». Et cette identité est «constituée de valeurs que le christianisme a aidé à forger».

Cette évidence historique n’a pas convaincu les rédacteurs de la charte des droits fondamentaux, annexée au traité. Nulle référence, dans ce texte, aux racines chrétiennes de notre Europe, bien que l’Union se dise « consciente de son patrimoine spirituel et moral»: la formule est assez vague pour autoriser toutes les interprétations. Il suffit, d’ailleurs, de la lire pour le comprendre: l’inspiration de cette charte est foncièrement individualiste. Elle dissout les solidarités et les communautés naturelles, comme le traité soumis au Parlement français dissout les nations européennes. Croit-on vraiment que ce soit ce que souhaitent les jeunes Européens? Si nous voulons qu’elle résiste aux tempêtes, il nous faudra fonder l’Europe sur quelque chose de plus solide. Non sur l’utopie, mais sur la Vérité."

Jean de France, Duc de Vendôme, Février 2008

 

Publié dans Maison de France

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