Les constitutions de la France comparées à la Charte de 1830 (I).
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Vous l'avez compris, l'objet de ce blog est de proposer des matériaux pour la réflexion politique, d'où cette dénomination de "Cahiers", et non de supposer qu'il suffirait de rétablir la constitution monarchiste de 1791 ou encore l'une des deux chartes constitutionnelles de la "Restauration", ce dernier terme est d'ailleurs la cause d'une confusion majeure, car il s'est agis d'une véritable révolution instituant le parlementarisme et aussi le libéralisme politique. Je distinguerais, car le libéralisme économique faisait déjà ses ravages sous l'Ancien régime avec l'avènement de la Bourgeoisie anoblie. | |
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| I. LA CHARTE CONSTITUTIONNELLE |
LA CHARTE CONSTITUTIONNELLE. | |
Une constitution est l'ensemble des règles qui déterminent la manière dont un peuple doit être gouverné. Ces règles peuvent être non écrites ; elles ont même dû l'être dans le principe. Leur combinaison est d'ailleurs susceptible de varier à l'infini. En ce sens, il est difficile de nier que la France eût une constitution avant 1789 , bien qu'elle fût non écrite, et que les bases n'en fussent pas arrêtées avec précision. | |
On rangeait encore parmi les limitations apportées à la puissance royale, le droit qu'avait la nation de s'imposer elle-même. Il faut avouer que jamais loi fondamentale n'a été plus mal observée. On sait que de 1614 à 1789 , pendant un intervalle de 175 ans , l'histoire ne mentionne aucune convocation des Etats-Généraux ; et puis la nation était singulièrement représentée par des assemblées où les députés d'un ordre privilégié , et ceux d'une corporation religieuse , figuraient en nombre égal à celui des députés élus par la masse des citoyens, sous le nom de tiers-état. Si l'obligation d'obtenir le consentement des Etats-Généraux à l'impôt, avait été consignée dans une constitution écrite, nul doute qu'elle n'eût été plus scrupuleusement accomplie. Aussi, même en considérant les formes anciennes du gouvernement français comme irréprochables, la nation était fondée à réclamer leur rédaction dans un acte régulier. D'ailleurs l'immense diffusion de lumières opérée par l'imprimerie et le progrès des idées philosophiques pendant le 18e siècle, rendaient impossible le maintien d'un ordre de choses qui excluait l'universalité des citoyens de toute participation aux affaires publiques ; qui soumettait la bourgeoisie à une infériorité humiliante pour ses lumières et ses richesses , pendant que le peuple gémissait sous le poids des corvées, des dîmes et des droits seigneuriaux ; qui laissait la liberté religieuse , la liberté d'écrire et la liberté individuelle à la merci des caprices de cour ; qui paralysait enfin toute réforme par la diversité infinie des lois, des coutumes et des priviléges de toute nature. Une révolution était nécessaire, et si elle n'eût pas éclaté en 1789, elle eût éclaté plus tard ; seulement il est permis, de croire qu'elle aurait suscité des oppositions moins vives, des luttes moins sanglantes , et qu'elle serait parvenue à s'asseoir définitivement d'elle-même, au lieu d'aboutir au despotisme militaire. Quoi qu'il en soit, la révolution de 1789 est sortie d'une crise financière que beaucoup de gens ont prise pour une cause et qui n'a été qu'une occasion. Les écrits de l'époque s'occupaient bien moins du déficit que de la composition des Etats-Généraux et des réformes qu'on en attendait. Les cahiers donnés aux députés des bailliages, leur traçaient le plan de la future constitution. Ceux qu'avaient rédigés les électeurs de Paris, renfermaient presque textuellement les bases principales de la déclaration des droits de l'homme et de la constitution de 1791. — Ainsi, lorsque les députés aux Etats-Généraux prêtèrent , dans le jeu de paume de Versailles, le serment de rester réunis jusquà ce que la constitution du royaume fût établie, et affermie sur des fondemens solides, ils ne firent qu'obéir au vœu de leurs commettans. | |
La plupart des décrets constitutionnels furent rendus au mois de septembre 1789 ; ce fut seulement en août 1791, qu'on s'occupa de les réunir en un seul acte et de les réviser à cette occasion. Le 3 septembre 1791, l'assemblée déclara que la constitution étant terminée, elle n'y pouvait rien changer, et que soixante de ses membres seraient chargés de l'offrir dans le jour au roi. Le 13 septembre , le roi fit savoir, par un message , qu'il l'acceptait. La majorité de l'assemblée, se regardant comme constituante , pensait que la sanction royale était superflue ; mais elle n'osa jamais manifester bien clairement son opinion, et, « selon l'expression de plusieurs membres, elle jeta un voile religieux sur cette grande, mais dangereuse vérité. » Du reste, elle se regarda comme suffisamment autorisée par son mandat, à faire l'acte constitutionnel, et ne songea pas à le soumettre à la ratification du peuple. Je n'ai point ici à rechercher si le peu de durée de la constitution de 1791 doit être imputé à ses défauts ou aux événemëns. J'avouerai pourtant que je crois peu à l'efficacité des constitutions pour résister aux secousses qu'entraîne à sa suite un bouleversement général. Toute autre, quelque parfaite qu'on la suppose, eût succombé sous une double attaque dirigée en sens contraires par l'invasion de l'extérieur et les insurrections intérieures. Quoi qu'il en soit, le 10 aoàt 1792, l'assemblée nationale législative . « considérant que les défiances inspirées par là conduite du chef du pouvoir exécutif, dans une guerre entreprise en son nom, contre la constitution et l'indépendance nationale , avaient provoqué, de diverses parties de l'ettipire , un vœu tendant à la révocation de l'autorité déléguée à Louis XVI...., décréta : que le peuple français serait invité à former une convention nationale... ; que le chef du pouvoir exécutif serait provisoirement suspendu , jusqu'à ce que la convention nationale eût prononcé sur les mesures qu'elle croirait devoir adopter, pour assurer la souveraineté du peuple et le règne de la liberté et de l'égalité. » | |
à suivre | |
Source Google : "Commentaire sur la Charte constitutionnelle" 1836 |